Nature Pointue
Artiste : Elisabeth Perrault
Dates : Du 18 janvier au 1er mars 2025
Vernissage : samedi 18 janvier, de 16h à 19h (en présence de l’artiste)
Lieu : Pangée, 1305 ave des Pins O., Montréal
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Dans son rêve, son estomac se transforme en tige de fleur en céramique. À mesure que la plante croît, ses morceaux dégringolent. Elle est dans son lit, en train d’essayer de recoudre les bouts de son ventre pour les relier ensemble, comme elle le fait à son atelier pour ses fleurs géantes. Ça arrive souvent que dans ses rêves elle soit submergée par ses œuvres, par le travail à faire. Ses draps se transforment en un tissu qui l’entoure, l’enveloppe, l'avale.
Dans la plus petite pièce de ce grand manoir dédié au partage de l’art, Elisabeth Perrault rassemble et dépose ses tourments. Opaques, solides, mais fragiles et cassables. Sa peur d’être avalée, ingérée par son propre travail, Elisabeth la digère pour en faire une marguerite brisée. Elle avale son angoisse de manquer de temps en prenant son temps, en habitant les forces et les faiblesses complémentaires de ses matériaux. Certaines choses brisent quand on les échappe ou si on les écrase. D’autres, si on les déchire. Il faut réparer avant de passer à autre chose.
Les peurs d’Elisabeth sont passées de son ventre à ses mains, à mes contours. Digérées. Ma colonne tordue s'entortille sur le mur de cette pièce trop petite pour contenir mes insécurités. Elle monte par-dessus ma tête, envahissante. Je tombe sur le sol, je m’y retrouve. Je m'enroule, je me tortille, je m'agrippe, je remonte à la surface, avant d’hisser mon visage à la fenêtre, haletante. Mes inquiétudes débordent, elles se déploient, elles fleurissent. Elles sont belles.
Quand je suis brisée, que tout va mal et que tout m’échappe, je raccommode mes vêtements. La plupart du temps, les trous sont dans les poches de mes manteaux. Je répare les trous et je reprends le dessus. Ainsi, les choses que je crois mettre en sécurité ne peuvent plus s’échapper. C’est la couture qui me permet de garder ce qui aurait voulu fuir, qui me stabilise.
Texte par Jézabel Plamondon ⟡ ݁₊ .
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Elisabeth Perrault s’exprime à travers des installations sculpturales textiles dans lesquelles se mêlent formes humaines, objets du quotidien et matières organiques, formant des allégories surréalistes. Son processus créatif repose sur des techniques de transformation manuelle de la matière, souvent associées à l’artisanat. Perrault établit avec le textile — matériau traditionnellement associé aux femmes et à l'espace domestique — un lien maternel et intime qui célèbre la féminité.
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Photos par : William Sabourin