Ultra-gentle manipulation of delicate structures
Structures délicates manipulées super doucement
Artiste: Alicia Adamerovich
Exposition: Du 4 juin au 16 juillet 2022
-
Alicia Adamerovich explore les tensions entre force et fragilité, industrie et nature, système statique et respiratoire. L’artiste condense certaines émotions pour générer des formes à la croisée de l’organique et du chimérique. Si des emprunts à la science-fiction et un sentiment d’aliénation parcourent son travail, ils nous sont transmis par les désirs de connexion et de provocation qui animent l’artiste. Après une adolescence façonnée par un sentiment d’isolement perpétuel et une grande proximité avec la nature, Adamerovich décide de sonder ses propres paysages et sa psyché, entrelaçant les fils d’une toile interne pour en faire de riches panoramas biomorphiques.
Les peintures de cette exposition sont plus sombres que d’ordinaire, comme si elles s’enfonçaient progressivement dans l’obscurité. Des vestiges de familiarité persistent aux côtés de compositions ambiguës. Dans cette série, Adamerovich s’intéresse à la structure et à l’échafaudage des formes. Ses constructions deviennent de délicates gardiennes de l’obscurité ou de l’espace négatif. Presque tangibles, elles font l’apologie de futurs imaginaires ou de mythologies. L’artiste problématise la réception de ses oeuvres en nous empêchant de cerner totalement ce qu’elle peint, mais en nous permettant de nous livrer à la contemplation. Plus que tout, son travail catalyse l’imagination et stimule l’exploration.
De quatre à cinq couches de matière se superposent sur ses toiles, formant une écorce de « peut-être » et de désirs projetés. Tandis que les couleurs se développent au fil des couches, la luminosité parfaite n’est atteinte qu’au prix de multiples modifications. C’est durant ce processus que chaque composition finit par capturer une ambiance particulière, un mood idiosyncrasique. L’artiste ajoute une dimension granulaire à son oeuvre en utilisant de la pierre ponce et du sable. Les surfaces sont construites, elles s’érigent : la dimension qu’elles ajoutent est encodée de temps. Ses sculptures semblent faire de même. En fait, l’attention portée aux surfaces relie les deux disciplines : Adamerovich peint ses sculptures et sculpte ses peintures.
L’artiste peint en se souciant d’abord du temps de séchage de ses toiles. Ses oeuvres de bois leur emboîtent le pas et un jeu de tague s’ensuit : chaque discipline s’influence et guide l’autre. Ainsi, ses sculptures découlent du dessin au trait, puis évoluent par voie d’empilement et de construction. Si Adamerovich souligne le parallèle entre sculpture et dessin, elle insiste toutefois sur ce qui distingue les oeuvrent en deux dimensions de celles en trois dimensions. Ses sculptures ressemblent généralement à des puzzles en ce qu’elles révèlent leur forme finale de façon progressive.
Le pastel, une autre façon de réaliser un dessin par superposition, s’ajoute désormais à la pratique plurielle d’Adamerovich. Comme la peinture, cette matière peut être intensifiée jusqu’à l’obtention du résultat désiré. Or, peu importe la matière travaillée, Adamerovich met l’accent sur le dynamisme de ce qu’elle illustre, laissant libre cours à son imagination et à ses idées. Quand elle crée, l’artiste se laisse guider par le flux de sa conscience, assouvissant ainsi sa propre quête de découvertes. Devant ses oeuvres, le symbolisme d’Agnes Pelton nous vient en tête. Comme elle, Pelton se livre à la représentation de structures idéalistes et de paysages fantastiques. Ailleurs, le surréalisme de Kay Sage flirte avec les considérations structurelles de Lee Bontecou et de Herbert Ferber. Finalement, si les titres d’Adamerovich ne sont pas nécessairement révélateurs, ils contiennent des pépites de sens qui constituent des points d’entrée, des lunettes délibérées à travers lesquelles considérer et interroger ses oeuvres. Notre façon d’interpréter son travail est ainsi façonnée par le langage, puisque ce dernier nous permet d’entrer dans le monde machiné de l’artiste.
Texte de Reilly Davidson.
Traduction de Daphné B. -
La pratique d’Alicia Adamerovich étudie la nature anthropomorphique des objets et met en évidence leur potentiel créatif. Ses oeuvres retracent son évolution psychique, puisant dans son inconscient pour donner forme à des sensations et des émotions intérieures. Née en 1989 à Latrobe (Pennsylvanie, États-Unis), elle vit et travaille à Brooklyn, aux États-Unis. Elle a obtenu une licence en design à la Pennsylvania State University et a étudié au Maryland Institute College of Art à Baltimore. Son travail a fait l’objet d’expositions individuelles, notamment "Ultra-gentle manipulation of delicate structures" au Projet Pangée, Montréal ; "Second Nature" à Del Vaz Projects, Los Angeles ; "A Bat Out of Hell" à Sans titre (2016), Paris ; "Day" à la Galerie Tator, Lyon ; "The Loner's Castle" au Projet Pangée, Montréal ; et "Vibrant Matter" à la FISK Gallery, Portland. Parmi les expositions à venir, citons un solo à la Kohn Gallery, Los Angeles, et une exposition collective chez Margot Samel, New York. Alicia Adamerovich a participé à de nombreuses expositions collectives, notamment "Mystic Toolkit" à Artpace, San Antonio ; "Parallax" au Y2k Group, New York ; "Theorem X" à Rachel Uffner, New York ; "Shelter Lines" au Palazzo Monti, Brescia ; "Theorem Y", à Mrs. Gallery, New York ; "The Symbolists : The Flowers of Evil" chez Hesse Flatow, New York ; et "Wild Objects" chez Projet Pangée, Montréal. Parmi les foires d’art récentes, citons Miart (Milan) avec Sans titre (2016) et NADA Miami avec Projet Pangée.
Adamerovich est représentée par Projet Pangée (Montréal).





























