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Artiste: Darby Milbrath
Exposition: Du 19 mars au 14 mai 2022

  • Dans un univers de gestes exaltĂ©s, flottants et doux, un monde qu’on dirait suspendu dans le temps, les toiles de Darby Milbrath font s’entrelacer la mĂ©moire et l’intuition spirituelle. Richement texturĂ©es, elles rendent manifeste le lien intrinsĂšque entre le mysticisme, la nature, le mouvement et la musique, et invitent Ă  la contemplation mĂ©ditative, voire sensorielle.

    RĂ©alisĂ©e lors d’une rĂ©sidence Ă  Majorque (Espagne), cette sĂ©rie d’Ɠuvres s’abreuve des harmonies cĂ©lestes du compositeur minimaliste Hans Otte. Les coups de pinceau fluides et la palette de couleurs gorgĂ©es de soleil invoquent aussi l’esprit du Verseau — le porteur d’eau —, symbole d’idĂ©alisme, de guĂ©rison et d’espoir. Ainsi, les Ɠuvres de Milbrath offrent aux spectateurs un rĂ©pit, une Ă©vasion momentanĂ©e qui dĂ©borde d’un optimisme inĂ©puisable.

    L’artiste travaille vite, avec urgence. Ses gestes empreints de spontanĂ©itĂ© exĂ©cutent ce qui s’apparente Ă  une chorĂ©graphie sur la toile. IntĂ©ressĂ©e par la relation entre le corps et l’inconscient, Mibrath puise dans son ancienne vie de danseuse pour figurer des rythmes, des Ă©nergies et des souvenirs. Sa pratique tend vers une incarnation de l’énergie psychique ; l’artiste laisse les images prendre corps, se mĂ©tamorphoser intuitivement et s’accorder Ă  son Ă©lan musical. Ainsi, dĂšs leur genĂšse, forme et contenu semblent inextricablement liĂ©s.

    Une profusion de couleurs inonde librement ses toiles, baignĂ©es de lumiĂšre : des tons d’orange terracotta, d’ocre, de mandarine, d’aurĂ©oline, de ciel couchant rose et de cuivre se mĂȘlent Ă  des nuances prononcĂ©es de lavande et de vert. La chaleur qui se dĂ©gage des scĂšnes idylliques de Milbrath Ă©voque la rencontre intime de la peau et du soleil, ou encore la promesse que recĂšle l’étreinte amoureuse. Ses personnages se faufilent dans une vĂ©gĂ©tation dense et dĂ©routante, une flore qu’on dirait Ă  cheval entre le monde terrestre et le monde astral. Fleurs et feuillages envoĂ»tent, trouent les tableaux de lumiĂšre, comme s’ils irradiaient de clartĂ©. Ode aux plantes de la Colombie-Britannique, oĂč l’artiste a grandi, ils alludent Ă©galement Ă  la splendeur et aux propriĂ©tĂ©s curatives de la nature. Les paysages de Milbrath font office de refuges bienveillants oĂč l’amour est manifeste, de lieux propices Ă  la connaissance et Ă  l’illumination.


    Texte de Marie-Charlotte Carrier.

    Traduction de Daphné B.

    Biographie

    Darby Milbrath (nĂ©e en 1985 Ă  Vancouver) est une peintre autodidacte de Toronto. Son passĂ© de danseuse contemporaine et d’herboriste confĂšre Ă  sa dĂ©marche et Ă  ses toiles figuratives un sens du mouvement, du drame et une certaine solennitĂ©. Ayant grandi sur les Ăźles Gulf de la cĂŽte ouest, elle tire du paysage sublime et fertile de son enfance des motifs rĂ©currents. Ses toiles expressionnistes s’appuient sur la mĂ©moire et l’imagination et s’inspirent de la nostalgie, des visions surnaturelles et du mysticisme. Pour pouvoir transcender la complexitĂ© de la vie humaine et des Ă©motions qui la traversent, la danse contemporaine et la peinture, en raison de leur dimension non verbale, exigent un engagement du corps, une intensitĂ© dans la prĂ©sence et l’expression d’un moi authentique. Dans ses toiles, Darby explore les cycles du flux et du reflux, de la mort et de la naissance. GrĂące Ă  ces thĂšmes, elle conjure l’empathie, la sensualitĂ©, la sorcellerie, la fĂ©minitĂ© et les cĂ©rĂ©monies. Elle brosse ainsi un portrait intime de sa vie, celle d’une jeune crĂ©atrice.

    Darby Milbrath (nĂ©e en 1985 sur l'Ăźle de Vancouver, au Canada) vit et travaille Ă  Toronto. Elle est titulaire d’un baccalaurĂ©at en art avec mention de la School of Contemporary Dancers, affiliĂ©e Ă  l’UniversitĂ© de Winnipeg. Parmi ses rĂ©centes expositions individuelles, citons Through the Veil (2021), prĂ©sentĂ©e Ă  Night Gallery, Los Angeles ; Darby Milbrath/08 (2021), Ă  PM/AM, Londres ; et Although the wind... (2020), chez Projet PangĂ©e, Ă  MontrĂ©al. Son travail a Ă©tĂ© exposĂ© dans diverses expositions collectives telles que The Views (2022), organisĂ©e par Zoe Fisher, Ă  Moskowitz Bayse, Los Angeles ; Painters Painting Paintings on Paper (2021), exposition en ligne ; Summer Forecast (2019), Ă  Diana Witte, Toronto ; Pair A Dice (2019), Ă  Cassandra Cassandra, Toronto ; et The Morning Shines With The Lights Of Love (2017), Ă  la Clint Roenisch Gallery, Toronto. Son travail a Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© par Projet PangĂ©e Ă  The Armory Show (New York) en 2021 et Ă  Material Art Fair (Mexique) en 2017. Milbrath a participĂ© Ă  deux rĂ©sidences en 2021 : Casa Balandra Artist Residency, Majorque (Espagne) et Artist in Residence, PM/AM, Londres (Royaume-Uni). Ses Ɠuvres se retrouvent dans des collections telles que la Equitable Bank (Toronto) et la RBC Corporate Collection (Toronto). Ses peintures ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es dans de nombreux magazines et publications tels que esse arts + opinions (2021) ; Minka Magazine (2020) ; Teen Vogue (2019) ; Milk (2018) ; Artspace (2017) ; et Canadian Art (2017).

    Milbrath est représentée par Projet Pangée (Montréal).

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    ✎ Marie-Charlotte Carrier est une commissaire basĂ©e Ă  Londres. Également chercheuse et autrice, elle travaille Ă  l’intersection de la matĂ©rialitĂ©, de la politique et de l’écologie. Elle est commissaire adjointe Ă  la Hayward Gallery Ă  Londres.

  • L’ùre du Verseau

    La lumiÚre se répand, cacophonique.

    C’est la grande marĂ©e de citrine, le jaune d’Ɠuf, de cadmium

    qui m’enveloppe.

    C’est une alouette comme un cou d’orchidĂ©e,

    des gestes comme des cygnes qui bougent, dansent et me

    paradent, en fleurs. Un tournesol.

    Je l’ai dĂ©jĂ  connue,

    la cour comme une dent de tulipe,

    une perle qui brille, osseuse.

    Terracotta, aussi mystérieuse que la lune,

    elle me parlait en chuchotant.

    Viens — et dis-moi, dis-moi ta vĂ©ritĂ©.

    Ta souffrance, comme une chimĂšre

    de crépuscule, trouve refuge ici.

    Ne désespÚre pas, enfant indigo, trouve-la

    dans la corne de brume, dans le léchage des plaies.

    Trouve-la dans les mondes astraux

    et dans le miroir des jumeaux, comme celui des GĂ©meaux.

    Dans le spectre du condor,

    le regard d’un pourpre, d’un rubis ressuscitĂ©.

    Trouve-moi la grĂące.

    Trouve-moi des formes.

    Comme l’aura d’un Verseau.

    Deviens le soleil.

    PoĂšme de Fariha Roisin.

    Traduction de Daphné B.