A Chorus Of Shadows Along A Winding Path
Artiste : Oreka James
Dates : Du 20 mars au 10 mai 2025
Vernissage : jeudi le 20 mars, de 16h à 20h (en présence de l’artiste)
Lieu : Pangée, 1305 ave des Pins O., Montréal
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“ Ce qui demeure trop longtemps inchangé finit par se détruire. La forêt est pour toujours parce qu’elle meurt et meurt et qu’ainsi elle vit.” - Ursula K. Le Guin, Contes de Terremer, 2001
Un renouveau cyclique. Un ressort tournoyant sans cesse. Spiralant et virevoltant avec entrain, reconduisant l’orbite d’un débit transformationnel. L’exposition A Chorus Of Shadows Along A Winding Path, d’Oreka James, se concentre sur ce phénomène qu’est la transformation, en explorant l’inévitabilité cyclique et les récurrences du changement, ainsi que la manière dont on fait l’expérience de ses processus, aussi bien physiquement que métaphoriquement.
Partout dans l’exposition, la transformation prend forme à travers des œuvres qui invoquent les labyrinthes, les créatures hybrides et les figures du double. Ces symboles et ces motifs représentent le changement tel qu’il apparaît dans des cycles comme ceux de la renaissance, de la destruction et de l’érosion. Dans the hardening 1 (2025), un scorpion et un humain ont fusionné, l’un devenant l’autre et réciproquement, une transformation qui ouvre la voie à la protection et à la survie. La texture sablonneuse de la surface de la sculpture rappelle la roche qui devient calcaire qui devient sable. Le titre de l'œuvre renvoie au dur impact d’une rupture, d’un chagrin ou d’un conflit interne qui peut déclencher le processus de la métamorphose et générer une force inédite. Un scorpion doit muer pour croître, se débarrasser à répétition de son exosquelette afin d’atteindre une forme mature, sans quoi la coquille rigide l’empêchera de grandir. Pour cette raison, le scorpion est devenu un symbole de protection, de courage et de transformation, au même titre que la mort et la renaissance. Au cœur de the hardening 1, le changement et la croissance sont entrelacés, à l’image de l’humain et de l’arachnide.
a Feverish Inquisition (2024) présente un seul personnage en dédoublement, perçu à travers deux représentations superposées et quasi symétriques. L’une des silhouettes semble abattue alors que l’autre triomphe, à la suite d’un duel périlleux illustré par une épée. La toile explore la dualité intime et la tourmente intérieure qui peut survenir lorsqu’on fait face à soi-même, qu’on cherche à développer son tempérament, en quête de ce qui nous forme et de quelle manière. Les turbulences de la vie nous forment, encore et encore, comme des vagues qui se fracassent sur la côte, allant à l’infini de transformation en transformation.
Le labyrinthe est une des figures de la métamorphose inspirant James au fil de A Chorus Of Shadows Along A Winding Path. Dans les histoires de dédales, les personnages sont reconfigurés par leur périple solitaire, au cours duquel leurs forces comme leurs faiblesses sont sollicitées, afin de leur permettre de sortir renouvelés des couloirs tortueux. Il est possible d’imaginer le sujet de a Feverish Inquisition au cœur d’un labyrinthe, en présence de son adversaire, en pleine mue. Les incisions en spirales des sculptures intitulées steel point (3) et de steel point (4) (toutes 2025) rappellent le design d’un labyrinthe. Tournoyant comme les cycles de l’évolution, de la désintégration et du renouveau, les spirales se montrent d’abord toutes petites, toutes enroulées, puis les voilà qui vrillent et croissent et vrillent et croissent.
Texte par Clara Puton
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Photos par Atlas documentation