Thank you, I’m rested now. I’ll have the lobster today, thank you

Artistes : Christina Barrera, Polina Barskaya, Nadia Belerique, Nicholas Bierk, Cristine Brache, Greg Carideo, Cathleen Clarke, Alexandre Guay, Olivia Jia, Grace Kalyta, Claudia Keep, Kris Lemsalu, Bertha Leonard, Claire Milbrath, Narcissister, Elisabeth Perrault, Mary-Audrey Ramirez, Emma Schwartz & Marion Wagschal.
Dates : Du 26 juin - 26 juillet, 2024
Vernissage : mercredi 26 juin, 17h – 20h, une performance de Kris Lemsalu de 18h à 18h45
Lieu : Pangée, 1305 ave des Pins O., Montréal

Pangée (MTL) & Margot Samel (NY) ont le plaisir d’unir leurs forces afin de présenterThank you, I’m rested now. I’ll have the lobster today, thank you une exposition collective s’étendant sur deux galeries et deux villes, rassemblant des œuvres examinant le lit en tant qu’objet, symbole et site sacré, réparateur, satirique, critique, cauchemardesque ou écarté.

  • Le lit existe en dehors du temps et pourtant il est également défini par celui-ci comme étant une accumulation de nos vies. C'est un paysage désarmant qui garde la trace de nos corps lorsque, chaque soir, nous remplissons nos matelas-empreintes qui s'affaissent, nous nous agençons aux taches séchées sur nos draps et tirons les couvertures par-dessus nos têtes. C'est aussi un lieu où l'on trouve bien plus que du sommeil. Des heures peuvent être perdues dans un lit alors que l'on est enlacé avec une autre personne ; une rencontre d’un soir peut devenir une nuit sans sommeil - le lit étant la preuve d'une lente combustion ou d'une passion fulgurante. La question de savoir qui peut se permettre de passer des heures au lit est elle-même de plus en plus contestée dans notre présent axé sur la production, où le repos accordé aux classes sociales - et réparti entre elles - est très inégal. J'ai passé de nombreux matins dans mon lit, à évaluer les aspects existentiels de ma propre vie. Nous naissons et mourons dans des lits.

    Thank you, I’m rested now. I’ll have the lobster today, thank you tire son nom du collage du même titre réalisé par Karen Kilimnik en 2016. Dans cette œuvre, un chat siamois est perché sur un lit de style rococo, encerclé d’un tableau muséal infranchissable. À l'instar de cette œuvre, de nombreux artistes de l'exposition se penchent sur les limites entre le lit en tant qu'objet symbolique et le lit en tant que représentation de la vie. Greg Carideo prend en photo des matelas abandonnés dans la ville de New York, s'intéressant aux seuils de temps et de saleté que nous permettons à nos lieux de repos. Ces clichés rappellent une image anonyme très répandue aux débuts de l’Internet : un matelas jeté sur le côté d'un immeuble quelconque, sur lequel est griffonnée la phrase "people fell in love on me" (ici, des gens sont tombés amoureux). Pour Cathleen Clarke, le seuil est psychanalytique - le lit est un passage qui évoque un divan freudien. Ses peintures capturent un changement d'état liminal marquant l'enfance, le monde des rêves, les esprits et les fantômes. 

    Tout au long de l'histoire de l'art, le lit a servi de lieu de célébration, de contestation et de protestation. Des œuvres comme la performance Mattress Performance (Carry That Weight) d'Emma Sulkowicz en 2014 ont attiré l'attention sur les agressions sexuelles sur les campus universitaires. Dans les années 1990, Rachel Whiteread a moulé des lits pour former des sortes de tombes, là ou des corps sans vie s’allongent pour la dernière fois. Ses lits sont devenus des lieux de recueillement. Dans Olympia (1863) d'Edourad Manet, le lit est une scène ou se joue un dialogue complexe et symbolique entourant des enjeux de race, de classe et de genre, cette œuvre, encore à ce jour, continue d'être sujet d’étude dans le cadre des pensées critiques actuelles. L'œuvre intimiste de Tracy Emin, My Bed (1998), nous entraîne dans une conversation autour de l'artiste en tant qu'œuvre d'art. En 1969, afin de protester contre la guerre du Viêt Nam, John Lennon et Yoko Ono ont organisé un Bed-ins for peace  - une manifestation expérimentale pour la paix, liant le couple star à son lit pendant des semaines, inspirées par les sit-ins pour les droits civiques des années 50 et 60.

    Rêves ou nuit blanche, amants de longue date ou aventure d’un soir, repos ou sieste d’après-midi – même si on quitte notre lit pour aller tracer la journée, nous y laissons les morceaux de nos moments les plus intimes. Tout au long de l'histoire de l'art, le lit, en tant que lieu et symbole, a servi de référence culturelle, politique et personnelle. Cette exposition rassemble des œuvres qui s'inscrivent dans cette tradition, examinant le lit en tant qu'objet, symbole et site sacré, réparateur, satirique, critique, cauchemardesque ou rejeté.

    -Texte de Emily Small

  • Ici pour voir la suite de l'exposition collective à New York chez Margot Samel.