Midnight

Artiste: Nicholas Bierk
Exposition: Du 19 mars au 14 mai 2022

  • Nicholas Bierk a un don pour apercevoir la moindre petite lumière au loin. Parfois, c’est la chambre éclairée du voisin, à l’autre bout de la cour, ou bien c’est une brèche dans un ciel d’encre bleu nuit, une ouverture qui luit, chaude et mielleuse  ; ou alors c’est le soleil couchant d’hiver qui rase la rivière, son aura dorée se greffant à la surface de l’eau. D’autres fois, c’est un train qui arrive et ses phares qui produisent un mariage parfait de panique et de soulagement ; ou alors c’est le soleil de plomb qu’on fixe, nos parents nous avaient défendu de le faire, alors on s’est évidemment empressé de leur désobéir et un orbe brûlant est resté tatoué dans notre champ de vision, longtemps après qu’on ait détourné les yeux.

    Les toiles de Nicholas sont petites, mais il ne faudrait pas les sous-estimer pour autant. Pareilles à des portails, elles incorporent l’intime et le quotidien au magma de la mémoire, puis les laissent se frayer un chemin jusqu’au présent. Serait-ce ce qui explique leur douceur, leurs contours un peu estompés, adoucis par les années ? Ses œuvres offrent une vue d’ensemble: une cruche de lait en céramique, immobile ; le portrait de sa partenaire endormie, tendre. Ses paysages sont drapés d’un silence crépusculaire, comme cette maison américaine ensevelie sous la neige. Or, plutôt que de dépeindre un quelconque lieu à visiter, ses toiles restituent une ambiance. Nicholas s’intéresse aux zones intermédiaires, aux seuils qui séparent l’intérieur de l’extérieur. Il s’attaque aux instants limitrophes, au jour naissant qui prend son souffle dans le dernier soupir de la nuit, à la promesse chancelante que ce moment renferme.

    Regardez-le, ce Nicholas, qui travaille vite, qui produit une image en une seule séance, peut-être deux. Des bribes de souvenir se gravent sur la toile, puis s’échappent à nouveau –  la liberté de ce qui est petit et rapide. Il accueille l’échec : plusieurs de ses tableaux n’ont pas fonctionné. Mais beaucoup fonctionnent. Mis bout à bout, ils s’accumulent, tissent une sorte de récit ouvert, une trame qui n’est pas étrangère à la vie elle-même.

    Texte de Max Lakin.
    Traduction de Daphné B.

    Biographies

    Nicholas Bierk (né en 1985 à Peterborough, en Ontario) peint des moments de transition, des scènes quotidiennes et des paysages éthérés, créant des œuvres chargées émotionnellement. Bierk a étudié la peinture à la Rhode Island School of Design. Il vit et travaille à Toronto et a exposé ses œuvres au Canada, aux États-Unis et en Europe, notamment à la Katharine Mulherin Gallery, à Cassandra Cassandra, à Clint Roenisch et à Patel Brown. Il est le fils du peintre canadien David Bierk et le frère de Jeff, Alex et Charles, également artistes.

    Max Lakin est un écrivain vivant à New York.