Sky Glabush

Exposition : 26 avril - 9 juin 2018
Photos d'installation : Jean-Michael Seminaro

« Les gens parlent d'accéder aux parties du cerveau comme s'il s'agissait d'un dossier ou d'un ordinateur. Mais le cerveau est dans le corps et la perception dépend autant des mains, de la langue, de la peau, que d'une quelconque commande centrale située dans la tête. Certains mouvements automatiques sont une subversion des éléments analytiques et conceptuels de la pensée : on pense à la répétition d'un mouvement de danse,
la contraction rapide des muscles d'un gymnaste ou encore à la répétition d'un exercice d'entraînement sur
une guitare.

Le dessin, comme ces autres activités, dépend autant du travail de la main et de la réaction de celle-ci sur le crayon et le papier que de la réalisation d'une idée préconçue. C'est un dialogue qui se construit entre la façon dont les choses « devraient » avoir l'air et la manière d'enregistrer comment ces choses « sont » réellement. C'est la distillation de l'expérience, de la sensation et de la pensée dans une composition. C'est pour son immédiateté et sa réactivité que je me tourne régulièrement vers le dessin pour me sortir d'une impasse ou pour tester de nouvelles idées ou pour m'aventurer dans des territoires inexplorés. Il en va ainsi pour ce corpus que je présente dans de cette exposition. Dessiner simultanément avec la main gauche et la main droite fut une expérience qui me permit de trouver la bonne distance avec l'idée de créer une image. Quand on dessine des deux mains ensemble, le regard ne peut pas se concentrer sur le sujet même de l'oeuvre, mais se pose imperceptiblement au centre de la page, devenant une sorte de témoin périphérique. Finalement, il est plus simple de dessiner ainsi avec les yeux fermés. C'est comme un tour de passe-passe qui permet de sortir du descriptif pur et ouvre une conversation mystérieuse entre les deux hémisphères de son corps. Il y a une symétrie et un effet miroir qui en découlent et c'est sur ce processus qui je voulais enquêter, sur la création de cet écho. Les visages ou les personnalités qui ont émergé n'étaient pas intentionnels et m'ont donc souvent surpris. Ajouter la couleur fut un moyen de donner corps à ces caractères, de tenter de découvrir ce qui était leur essence véritable.

Je me suis appliqué à tisser depuis plusieurs années maintenant. C'est une pratique à laquelle je retourne comme moyen d'explorer le motif, la répétition, le processus, le rituel, la méditation, le travail. J'aime tisser dans la mesure où je n'ai pas à penser vraiment à ce que je vais faire. Je choisis simplement une couleur et je jette la navette avec sa laine de ma main droite vers ma main gauche et ainsi de suite. Il y a des pédales sur le métier à tisser que je contrôle avec mes pieds. Le pied gauche soulève le fil d'un côté, le pied droit de l'autre, et la navette continue son chemin d'un côté à l'autre, encore et toujours. La partie achevée du tissage est repliée sur une sorte de tambour et je peux seulement voir deux pieds de tissus à la fois jusqu'à ce que l'ensemble soit terminé, que je coupe le tissu et le sépare du métier. J'essaie de me souvenir des couleurs que j'ai utilisées, gardant autant que possible, l'ensemble de la composition dans ma mémoire. Tout comme le dessin est indexé à sa relation au papier, le tissage imprime littéralement les décisions relatives à la couleur et à la ligne dans le corps même du tissu. C'est un peu comme la peinture, mais plus primordial, plus élémentaire si l'on considère que le tissage crée la surface même sur laquelle la peinture est elle apposée. Le dessin et le tissage proviennent tous deux d'une conversation entre le cerveau et la main. Tous deux créent une conversation ambidextre entre le processus conscient de la fabrication d'une œuvre d'art et une réaction plus physique, et irréfléchie avec le corps. »

Biographie
La pratique multifacette de Sky Glabush traite des voies dans lesquelles l'identité est formulée dans l'imagination, et dans lesquels l'imagination s'incarne pour devenir performance. Sky Glabush maîtrise différentes techniques, dont le dessin, la production textile, la peinture et la sculpture. Murray Whyte du Toronto Star écrit sur sa pratique : « S'il y a une règle à suivre avec Sky Glabush, le polymathe de London, en Ontario, dont le travail a toujours été une cible mouvante de matière et de forme, c'est de ne pas être surpris par quoi que ce soit. » Glabush a étudié l'art à l'Univertité de la Saskatchewan et a obtenu un succès rapide grâce à son travail abstrait, ce qui l’a mené à obtenir une résidence aux Pays-Bas. Il est resté plusieurs années à Amsterdam où il a commencé une série de peintures approfondissant le lien entre l'abstraction et le design socialiste. Il est retourné au Canada où il a obtenu un MFA à l'Universtité de l'Alberta en 2006. Après avoir reçu son diplôme, il a déménagé à London, Ontario où il fait partie de la faculté du département d'art visuel à l'Université de Western Ontario. Ces expositions solos les plus récentes incluent « What is a Self? » à Oakville Galleries, « The Window is Also à Door » à Prosjektrom Normanns à Stavanger en Norvège, et « A New Garden » chez MKG127. Sky Glabush est représenté par Clint Roenisch Gallery à Toronto.

Presse récenteRecent Press
Toronto Star: In Studio: Sky Glabush, A New Garden by Murray Whyte
Akimbo Review: Sky Glabush at MKG127 by TerenceDick
Art Viewer: Sky Glabush at MKG127
Border Crossings: Facing The Mysterious by E C Woodley 
Canadian Art: Infinite Painting by David Balzer
Oakville Gallery: Outer And Inner Space by Jon Davies
Border Crossing: Sky Glabush by Mira Berline
Canadian Art: Sky Glabush: Faith in Gesture by David Balzer
White Hot Magazine: A Conversation with Sky Glabush by Matthew Ryan Smith
Robert Enright: Old Futures And New Pasts by Robert Enright